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la clé du développement 24-07-2009 lettre aux gabonais lettre aux gabonais —————— chers compatriotes, la décision de me porter candidat à la présente élection présidentielle procède avant tout d’un engagement personnel, fruit d’une expérience de trois ans passés au gouvernement, d’un long parcours d’enseignant et plus en avant d’une éducation familiale rigide, ainsi que d’une conviction religieuse sincère. le passage au gouvernement m’a permis d’entrer en contact avec des populations que je n’imaginais pas aussi pauvres, aussi désemparées, de connaître leurs véritables préoccupations et de comprendre les limites profondes de notre système politique. il m’a également donné l’occasion de mieux apprécier les cercles d’intelligence, d’approcher et de connaître les membres des hautes institutions de la république, les membres de la société civile, de travailler avec les syndicalistes et même de me frotter à eux. j’ai pu ainsi porter un autre regard sur les revendications corporatistes et autres événements courants (grèves, marches, sit-in…), celui de quelqu’un qui se trouve de l’autre côté de la barrière. j’ai pu apprécier la méchanceté et la perversité de l’homme et surtout de l’homme politique, autant que sa bonté. c’est en cela que ce passage a conforté ma foi chrétienne, dans la mesure où j’ai pu mieux découvrir jésus christ et son calvaire à travers l’ostracisme, l’insulte, la médisance, le dénigrement gratuit, le complot et la trahison. il me montrait en dépit et à la faveur de tout cela des lueurs d’espoir, de bonté et de bonheur dans un milieu rude, qui m’apparaissait à la limite hostile. c’est de là qu’est née une forte conviction, celle d’agir devant tant de misère, de désolation, de méchanceté et de médiocrité. la pratique syndicale du début des années 90 m’a permis de me frotter aux hommes politiques. j’ai été déçu de voir que la politique, telle qu’elle était pratiquée au gabon, n’était faite que de mensonge et de roublardise. un homme politique pleinement réalisé est celui qui dit oui à 10h, non à 10h15, oui mais à 10h45 et non à nouveau à 11h. il n’a pas d’état d’âme. je me suis alors juré de ne jamais faire de la politique si elle se résumait à cela. plus tard, le syndicaliste que j’avais été et le chrétien pratiquant que je suis resté n’imaginait pas à quel point les ministres avaient des problèmes pour se faire comprendre au sein d’un gouvernement. j’ai donc appris à mes dépens que bien souvent le principal adversaire du gouvernement est le gouvernement lui-même. comment expliquer aux interlocuteurs, aux agents et autres usagers du service public que tant de mauvaises décisions prises et de bonnes décisions rejetées l’étaient souvent parce que les autres membres du gouvernent en avaient décidé ainsi, qu’une belle proposition était rejetée simplement parce qu’elle émanait de tel ou tel. c’est alors qu’est venu le déclic : je me suis dit qu’il était possible de faire de la politique autrement et je m’y suis exercé en qualité de ministre, avec courage et abnégation . de plus, mes convictions religieuses, d’une part, et mon éducation familiale, d’autre part, ne me permettaient de m’accommoder de certaines pratiques. ma longue et fructueuse carrière universitaire a conforté les positions originelles. un homme vit avant tout de conviction. il ne vaut pas par la rondeur de son portefeuille, mais par la grandeur de son esprit. j’ai pu tenir trois ans dans un monde qui m’était autant hostile qu’étrange. par la force des choses, nous avons cheminé ensemble. nous nous sommes parfois heurtés et bien souvent accordés. en définitive, je garde un bon souvenir des moments passés et de nombreux collègues qui ont fini par me comprendre et même par m’adopter. ce passage a enfin permis à l’universitaire rigoureux et à la limite technocrate que j’étais de confronter l’abstraction à la réalité pour une juste appréciation des mécanismes de fonctionnement de l’etat, ainsi que des phénomènes économiques et sociaux de notre pays. c’est fort de tels enseignements que je prends aujourd’hui la décision de me porter candidat à la présente élection présidentielle, car notre population mérite mieux, notre pays mérite mieux. oui , il est possible de faire de la politique sans verser dans le mensonge éhonté et la bouffonnerie et en reconnaissant les limites de son action. il est possible de mieux traiter les administrés ou tout autre usager des services publics. il est possible de s’abstenir d’insulter, de dénigrer ou de mépriser un adversaire politique réel ou potentiel. il est possible de mettre fin à la délation comme mode de fonctionnement de l’etat. il est possible de régler nos différends sans porter sur autrui un regard tribaliste ou sectaire. il est possible de gouverner le pays sans recourir à l’ethnie et sans se servir d’elle, tout autant qu’il est possible d’être rigoureux et même de sanctionner les agents indélicats sans être partisan, passionné et injuste, sectaire et tribaliste. oui, chers compatriotes , il est possible de s’aménager des plages de discrétion sans vider les caisses de l’etat et mettre en péril le pays. il est possible de vivre aisément sans réduire les autres (ses collaborateurs ou ses compatriotes) à la pauvreté, voire à la mendicité. il est possible de rendre le gabonais heureux : le gabonais des villes comme celui des campagnes. oui , il est possible de mieux scolariser nos enfants, d’avoir de meilleures infrastructures sanitaires et de mieux nous soigner. il est possible d’avoir de meilleures routes et de meilleures voies de communication. il est possible d’améliorer les conditions de travail de notre administration, d’améliorer les conditions de vie et de travail de nos forces de sécurité et de défense. il est possible de mettre en place une justice équitable et vertueuse au service de la population. oui, chers compatriotes , il est possible d’encourager et de développer l’initiative privée et même de l’encadrer et la protéger par la culture de la vertu, de l’effort et de l’intérêt général, tout autant qu’il est possible de valoriser la compétence et de cultiver l’excellence sans verser dans l’exclusion ou l’ostracisme. oui , il est possible de mettre en place une coopération et une diplomatie au service du pays, de respecter et de renforcer nos engagements en faveur de la protection de la nature et de l’environnement et de réaliser nos ambitions de développement à partir d’une exploitation judicieuse et rationnelle de nos ressources naturelles. oui, chers compatriotes , il est possible de respecter tous nos engagements internationaux, de rester fidèles à nos amis et de mettre l’homme gabonais au centre de notre action, comme principal acteur et principal bénéficiaire de celle-ci. oui , il est possible de mieux intégrer les expatriés et les gabonais d’adoption, de les respecter sans en faire des boucs émissaires, eux qui dans bien des cas ne sont pas responsables de nos turpitudes et de nos malheurs. pourquoi attendre qu’un expatrié ou un gabonais d’adoption respecte nos lois lorsque nous les foulons au pied nous-mêmes ? chers compatriotes, je voudrais vous inviter à nourrir de nouvelles ambitions, car l’occasion nous est enfin donnée de regarder tous dans la même direction et de nous assumer. nous avons en partage un héritage auquel nous avons tous pris part, les uns pour l’avoir orchestré et les autres pour l’avoir accepté (activement ou passivement). l’occasion nous est donnée de nous amender et de nous réconcilier, avec nous-mêmes, autrement dit avec nos consciences et nos esprits, entre nous, avec nos ancêtres, avec nos cultures et traditions. le temps est venu de construire le nouveau gabon que nous laisserons à nos enfants. unis et confiants, en minimisant nos différences et nos contradictions passées, nous pouvons si nous le voulons regarder l’avenir avec optimisme, parce que nous saurons nous en donner les moyens. l’avenir de notre cher pays le gabon est entre nos mains. autant de raisons qui m’amènent à solliciter vos suffra